Publication des sondages électoraux : une loi poussiéreuse, que risquent les internautes ?

Que risquent les internautes à publier les estimations avant 20H ? Le procureur rappelle que la publication de sondages est interdite dès vendredi minuit jusqu’à dimanche 20H, par voie de presse, sur internet et sur les réseaux sociaux. L’infraction est punie d’une amende pouvant aller jusqu’à 75.000 euros. Et pourtant la responsabilité juridique n’est pas facile à prouver (site hébergé à l’étranger, identité masquée). Malgré les menaces du procureur de la république de Paris, le Web est sans frontière et l’application de la loi

est parfois complexe dans le monde virtuel.

D’ailleurs ces menaces ne sont pas si dissuasives, Libération annonce que les estimations pourraient être en ligne à 18H30 et ce blogueur resultats2012.blog.co.nz annonce qu’il publiera anonymement de Nouvelle-Zélande les sondages dans le weekend. Si des dizaines de blogueurs publient les résultats, le procureur devra déposer une plainte dans tous les pays concernés. Réaction laborieuse qui de toute façon ne sanctionnera pas les milliers d’internautes qui en parleront sur Twitter et Facebook.

Qui prendra le risque de parler en

premier ?

La plupart des internautes ne cherchent pas à vérifier la source des informations qu’ils glanent, d’où l’effet viral de ce type d’annonce sur les réseaux sociaux. Mais parfois la source n’est juste pas identifiable : elle disparait une fois reprise ou elle est anonyme. L’anonymat sur Internet est difficile car il requiert la sécurisation de l’accès utilisé pour publier, c’est-à-dire l’absence de téléphone portable, de traçabilité par l’adresse IP et de vidéo surveillance si il s’agit d’un lieu public. Les traces laissées par l’adresse IP sont les plus compliquées à maitriser. Il est peu probable que sur le territoire française la démarche soit celle d’un internaute isolé.

Et si un parti ou un militant essayait d’influencer le vote ?

Rappelons qu’en 2002, 200 000 votes séparaient Le Pen et Jospin. La publication des estimations deux heures avant la fin du vote aurait-elle changé le résultat de l’élection ? Ces 200 000 votants n’étaient probablement pas tous indécis et connectés aux réseaux sociaux entre 17H et 20H au point de faire basculer le résultat final. En 2007, au deuxième tour, l’écart entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royale était de 2,2 millions de votes. L’élection était probablement déjà jouée à 18H. Reste à savoir si les indécis votent tous en fin de journée…

Dans les deux cas, l’annonce des résultats est un biais dans l’élection qui pourrait surtout changer le classement des candidats aux coude à coude. Pour l’instant ce sont surtout les petits candidats qui sont concernés, ceux qui font la différence au 2ème tour dans le report de vote. Finalement plus que le résultat, c’est l’échiquier politique qui pourrait bouger à la marge.

On pourrait imaginer qu’un blogueur annonce le FN au second tour pour rassembler les votes à gauche. Ou encore que Sarkozy ne figure pas au second tour pour renforcer les votes de droite, démobiliser à gauche… Cette annonce, instrumentalisée par le parti adverse, pourrait circuler plus spécifiquement dans la blogosphère de gauche ou de droite.

Malgré les menaces du procureur, Twitter, Facebook ou les médias étrangers francophones (RTBF, Le Soir.be, ou autre blogueur Belge) publieront ces premiers résultats vers 17H30. Laissons les internautes s’exprimer : si l’on voulait vraiment interdire ces estimations, il faudrait interdire de les réaliser. Et ce n’est pas aux internautes qu’il faut s’adresser.


Mathieu Hamel

Je suis diplômé de Polytech Paris et de l’Ecole de Guerre Economique. Après mes études, j’ai débuté ma vie professionnelle à l’AFNIC, le gestionnaire des noms de domaine en .FR puis dans une start up « kernup.com ». Très rapidement, je me suis passionné pour l’influence sur le Web et les enjeux de réputation pour les entreprises. J’ai rejoint Image & Stratégie Europe en 2008.

 

2 Responses to “Publication des sondages électoraux : une loi poussiéreuse, que risquent les internautes ?”

  1. C’est clair qu’il va falloir qu’ils s’adaptent pour la

  2. C’est clair qu’il va falloir qu’ils s’adaptent. C’était clairement un fiasco la dernière fois.

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