mencement du Web, en pleine « net-révolution », nous surfions libres et insouciants. Le Web était fondé par de gentilles starts-up idéalistes qui, arrosées du cash d’ultra-optimistes « business angels », pouvaient se permettre d’éviter les basses questions financières.
Cette belle époque est morte avec viagra canadian sales la bulle Internet, et de retour sur terre les éditeurs de sites et annonceurs attendent maintenant du retour sur investissement, ROI dans le jargon financier.
Malheureusement pour eux, le web est idéologiquement basé sur le gratuit, ainsi, mis à part quelques fonctions premium, il n’espère plus faire payer leurs services ou contenus. Et rare sont les e-commerçants qui peuvent se permettre de refuser le discount. Alors quel modèle économique ?
La trace, cet eldorado
Quiconque surfant sur le Web laisse une trace technique, elle peut être due aux aspects techniques du Web (adresse IP), des sites (cookie), du navigateur (URL du site source…) ou encore aux aspects fonctionnels du site (suivi : de la navigation, de la recherche interne, des conversions…)
Une masse d’informations qui peut être utile pour améliorer le site (contenu, design, ergonomie…), la mise en avant de produits/services (personnalisation), le ciblage des publicités, la réalisation d’étude (comportementale, concurrentielle…) etc.
Ainsi, les traces que nous laissons sur le web peuvent être triées, filtrées, analysées, pour finir par avoir d’une certaine manière une valeur marchande. Magique !
Un Big Brother annoncé
Mais c’est là que Robert me rétorque : « C’est scandaleux plutôt ! Amazon n’a pas à savoir que j’ai recherché sur son site ‘BD Adulte’ ! ». C’est alors que je lui préciserai qu’Amazon en profitera d’ailleurs pour lui mettre en avant pendant des semaines des produits de cette catégorie.
Plus gênant, il est même possible que ce cookie soit utilisé par d’autres sites partenaires dans le même objectif. Ainsi, si vous voyez partout des publicités pour un « WE à Venise », c’est peut-être qu’une bonne surprise se prépare (ou qu’une très mauvaise est à découvrir).
Différentes options sont possibles, paramétrer son navigateur, notamment pour supprimer les cookies à sa fermeture, utiliser un proxy pour cacher son adresse IP (réseau TOR) … La CNIL l’explique bien dans sa rubrique « Vos Traces« .
Doit-on devenir parano de la trace ?
Si les internautes doivent être conscients de l’existence de ces traces, si la CNIL et les institutions publiques doivent être vigilantes quant à son utilisation commerciale, il ne faut pas surestimer la « puissance de la trace ».
En effet, toutes ces traces sont parsemées sur de nombreux sites, personne ne peut les centraliser, ni les analyser, ni les « désanonymiser », ou plutôt personne ne se le permet, car Google avec la combinaison Gmail + Google Analytics + Google Bar (Envoi des infos de navigation) ou Google Search, a potentiellement ces informations.
Dans tous les cas, quiconque divulguant ces informations aurait de graves problèmes judiciaires et de réputation, ce risque nous protège (pour l’instant ?).
Ainsi, Robert peut dormir tranquille, Amazon ne jettera pas son nom en pâture sur internet, en le rapprochant de sa recherche « BD Adulte ».
Du besoin de laisser sa trace…
En réalité, il y a un type de traces plus dangereuses, celles qu’on laisse volontairement vivre sur le Web, par notre besoin naturel de laisser notre trace avec de plus en plus de détails (émergence de la géolocalisation ).
Ce besoin est d’ailleurs l’essence du web communautaire (dit 2.0), ces traces sont des contenus créés par l’internaute, ce qui est dit UGC ou UCC (User Generated/Created Content).
Autant, les traces techniques sont invisibles sur le Web (sauf pour les éditeurs de sites) et ont une durée de vie courte, autant les traces éditoriales peuvent être visibles et avoir une vie longue.
Vous me direz, que ce ne sont pas des traces, mais l’expression des internautes. Sans doute initialement, mais ce qui est l’expression de l’internaute aujourd’hui, devient progressivement trace avec le temps. Kévin lorsqu’il crie « A mort le capitaliste », c’est une expression quand elle a lieu en 99, mais aujourd’hui c’est devenu une trace d’un passé sans doute révolu, mais qui aujourd’hui peut porter préjudice, par exemple, lors d’un recrutement.
Autres soucis éventuels avec votre employeur, que pense-t’il en voyant une forte activité sur Facebook aux heures de travail ou d’arrêt maladie ?
Même dans le cadre familial, les traces peuvent porter préjudice : sur Facebook la suppression du « relation avec » ou des commentaires anodins d’un mari sur un compte féminin peuvent créer de gros problèmes de couple. Au Royaume-Uni ont parle d’un divorce sur 5 dû à Facebook.
Mais plus fort la « non action » peut entrainer aussi des problèmes, que doit penser la femme d’un mari refusant de l’ajouter en « relation avec » ? Un épisode de South Park sur Facebook caricature parfaitement ce phénomène.
Vos droits contre la persistance de la trace sur le web
Sur le Web, en théorie vous pouvez faire respecter votre droit au respect à la vie privée, votre droit à l’image ou vos droits d’auteur.
Ces droits sont à faire respecter à bon bupropion from turkey escient, dans certains cas, l’information peu visible que vous souhaitez supprimer, peut devenir un buzz, c’est « l’effet Streisand« . C’est sans doute plus vrai pour les sociétés, lorsqu’elles veulent faire supprimer un propos diffamant ou injurieux.
Dans tous les cas, il faut prendre comme principe qu’un contenu (texte, image…) que vous envoyez sur le Web ne vous appartient plus. Même s’il est sur votre compte Facebook, Youtube…, il peut être repris (parfois contre vous), dupliqué, archivé… sa suppression totale étant impossible.
Pour exemple, malgré un avocat réactif et sérieux, Laure Manaudou n’a pas pu faire supprimer ses photos nues du web, une petite recherche Google est convaincante. Pour elle un souvenir pour l’éternité…
Le web est d’autant plus persistant, qu’il se duplique automatiquement. Par exemple, archive.org conserve différentes versions des pages d’un site dans le temps, 123people ou WebMii synthétisent les traces numériques d’une personne (ou d’homonymes)…
Ne vous dites donc jamais qu’une information est invisible, elle peut remonter à tout moment, involontairement par la « tectonique du web » (pour illustrer pensez à ce que pourrait engendrer la reconnaissance prochaine des visages), ou volontairement par une personne cherchant s’amuser ou à vous nuire.
Quelles solutions?
Pour ces traces éditoriales, il n’y a pas de solution miracle chaque cas est particulier.
Certains, qui ont des traces problématiques à leur nom sur Google, cherchent à les « déréférencer« , c’est à dire les faire descendre des premières pages, en faisant passer devant des contenus plus positifs. Cette tactique n’est évidemment pas la panacée.
D’autres préfèrent prévenir, et choisissent des solutions radicales, telle que la suppression de leur compte Facebook (Concept Seppukoo) ou l’anonymat total.
Si ces solutions sont sans doute excessives, il existe une solution relativement simple à mettre en œuvre.
Elle consiste à refuser la tendance à l’unification de l’identité numérique et de chercher à l’inverse à la scinder en fonction de 4 grandes cibles :
- Professionnelles (la partie visible que l’on utilisera pour son branding personnel )
- Amicales
- Familiales
- Personnel
Chaque identité devant être le plus étanche possible, cela passe par des gestions des groupes dans Facebook, des mots de passe pour accéder aux photos de mariages, jusqu’à la création d’un ou plusieurs avatars anonymes d’adresses mails spéciales pour tout ce qui n’est pas assumé ou assumable, que ce soit les opinions politiques ou le flirt sur Facebook.
Pour conclure, la trace est multiforme, elle peut être technique ou éditoriale, il faut toujours conserver en mémoire que toute trace peut être utilisée par d’autres. Et s’en inquiéter particulièrement si elle est visible sur le Web et qu’on peut la lier à son identité réelle. Ainsi, la trace méfions-nous, sans parano.
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SEMAINE DE L’IDENTITÉ NUMÉRIQUE
Cet article a été rédigé dans le cadre de la semaine de l’identité numérique organisé par le modérateur.
> Retrouvez aussi l‘article de CaddeRepuration : Quels outils pour diagnostiquer votre e-reputation ?
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En complément de cet article, je vous invite à lire la réaction d’Hervé Morin, président du Nouveau Centre, qui précise « Il faut être vigilants et veiller à ce que l’ensemble des droits et libertés numériques fassent l’objet d’une protection adaptée et constante » :
http://herve-morin.net/presse/47-presse/2404-reaction-dherve-morin-sur-la-decision-de-facebook-de-simplifier-ses-regles-de-confidentialite