En ligne, les deux notions semblent indissociables. Souvent multiple, l’identité des utilisateurs du web opacifie la communication au sein des réseaux d’influence et soulève des questions d’ordre juridique.
Sur internet, «l’identité évolue entre des mains invisibles et sans socle de référence», analyse l’avocat Olivier Iteanu dans son livre L’identité numérique en question (Editions Eyrolles). «Elle échappe à l’Etat et surtout, son titulaire en a partiellement perdu le contrôle». Sur le web, pas d’Etat civil ni de carte d’identité. La définition même de l’identité est floue et chaque internaute peut se révéler aux autres membres du réseau à partir de données très diverses, contrôlées ou non, objectives (le nom, la date de naissance) ou subjectives (le pseudo, les activités de loisirs, des évaluations professionnelles). En 2004, un Architecte d’identité et d’accès chez Microsoft présentait l’identité numérique comme «un ensemble signé d’affirmations. Une affirmation est quelque chose que quelqu’un dit vous concernant, ou quelque chose que vous dites sur vous-même». Votre identité, sur internet, serait donc avant tout ces «bruits» vous concernant ou, plus simplement, votre «vie numérique».
Comment, dans ce contexte flou, savoir qui parle et qui s’affiche sur internet ? Comment associer un contenu à un individu numérique (et donc établir une responsabilité juridique concernant ce contenu) ?
Des outils d’identification
Différents outils permettent de trouver des informations sur l’auteur de la contribution ainsi que sur le propriétaire du nom de domaine. Il y a tout d’abord le pseudo. Pour Olivier Iteanu, c’est «une identité créée dans l’instant et généralement jetable. Son succès provient du fait qu’il ne permet pas une complète identification de l’individu». Autre indicateur, le nom de domaine, composé d’au moins un mot, le «label». Il est associé à une adresse IP. Exemples : wikipedia.org, paris.fr, platon.name. L’URL (Uniform ressources locator) est une adresse web. Elle contient un certain nombre d’informations : nom d’utilisateur, mot de passe, adresse IP, nom de domaine, etc. Par son email, un émetteur peut être identifié par le nom de domaine en fin d’adresse et par le nom précédant l’@. Enfin, l’adresse IP (internet protocole) est sans doute l’outil permettant l’identification la plus précise d’un internaute car elle identifie un utilisateur tout au long de sa connexion au réseau. Qu’elle soit fixe (assignée définitivement à un matériel informatique par un FAI) ou dynamique (attribuée à un ordinateur pour une «session», renouvelée à chaque connexion), l’IP est accordée par le fournisseur d’accès internet (FAI) après authentification de l’utilisateur. Logiquement, seul le FAI a donc accès à la véritable identité de l’utilisateur.
Le concept de l’identité globale
Malgré ces outils, l’identité numérique reste une notion fluctuante.
Tout d’abord parce que les utilisateurs n’ont généralement pas une, mais plusieurs identités numériques correspondant à diverses familles d’interlocuteurs (collègues, partenaires, réseau personnel, etc.). Ensuite, parce que chaque service du web met en place son propre système pour identifier les internautes. L’identité est alors dite «co
ntextuelle», il s’agit le plus souvent d’un pseudo et d’un mot de passe. Pour palier ce problème, des systèmes d’identité globale sont mis à l’essai.
Deux exemples : Open ID, solution issue du monde du logiciel libre, répond au besoin de l’utilisateur de se connecter à une quantité de services différents sur internet, s’ils sont compatibles avec Open ID. Pour le fournisseur, c’est un moyen d’authentifier les utilisateurs car ce système permet de vérifier, en temps réel, l’identité déclarée par l’individu auprès de celui qui a fourni l’identité (il existe des multitudes de fournisseurs, société privée le plus souvent). Orange, qui propose Open ID à ses abonnés, leur fournit une URL de type : openid.orange.fr/un_identifiant_choisi_par_l’utilisateur.
Live ID, solution développée par Microsoft, fut un échec du fait des réticences, bien légitimes, à voir une entreprise privée centraliser sur un serveur les données personnelles de millions de gens et fournir des titres d’identités. L’entreprise a donc fait évoluer son offre pour créer Windows CardSpace, une sorte de portefeuille d’identités numériques qui réside sur le disque dur de l’ordinateur. L’utilisateur a créé des cartes d’identités virtuelles qui comportent un niveau d’informations différent. En fonction du niveau d’information requis par un fournisseur de service, l’utilisateur choisit telle ou telle carte. Un tiers acteur, le fournisseur d’identité, est désigné dans la carte virtuelle. C’est lui qui authentifie l’utilisateur.
Sommaire du Dossier E-Réputation
- 1 – Intro : Réputation Numérique – Le Dossier
- 2 – Enjeux : «Quel internaute souhaitez-vous être ?»
- 3 – Témoignages : «Soyez visible, vous serez crédible»
- 4 – En pratique : Il faut surveiller votre réputation sur internet !
- 5 – Outils : Tout pour peaufiner son image numérique
- 6 – Réputation et identité : Sur la Toile, je m’affirme donc je suis ?
- 7 – Juridique : Le web, une zone de droits
- 8 – En entreprise : Tendre le micro aux «consom’acteurs»
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One Response to “Dossier E-Réputation – Reputation et identité : Sur la Toile, je m’affirme donc je suis ? (6/8)”
La question de l’identité numérique est à abordé avec circonspection. En effet il y a un risque de dérive paranoïaque de type Big Brother avec intrusion dans la vie privée.
Je ne suis pas sur qu’une législation imposant une carte d’identité numérique soit une bonne chose.
http://droitdulocataire.eu