Au sein de ce «village global» qu’est l’internet, la réputation devient mondiale et publique. L’internaute doit donc apprendre à la maîtriser.

Décembre 2007, des photos de Laure Manaudou en petite tenue et dans des positions plus que suggestives sont publiées sur la Toile. L’écho est immédiat : les photos s’échangent de sites en blogs, de forums en messageries personnelles. Pendant 10 jours, les avocats de la nageuse mettent en demeure près de 200 internautes de retirer de leur site les photos incriminées. Mais pour la star des bassins, le mal est fait. Internet a plus que contribué à entacher sa réputation.

Votre vie numérique vous dévoile

«La réputation est une évaluation sociale, ou plus simplement l’opinion d’une ou plusieurs personnes sur une autre. Parfois elle repose sur des faits observables et indiscutables. Parfois, il s’agit de rumeurs, de préjugés, voire de mensonges visant à détruire un rival», définit Olivier Zara dans son blog, axiopole.reputation.info, consacré à la réputation numérique.
La réputation, avec ses bienfaits et désagréments, n’est pas un phénomène nouveau pour les individus et les entreprises mais au sein de ce «village global» qu’est l’internet, il prend une nouvelle dimension : la réputation devient mondiale, publique. La maîtrise de la communication est chose courante dans les entreprises qui ont su s’adapter à la force de frappe d’internet. Mais elles doivent elles aussi prendre conscience de leur réputation numérique afin de la maîtriser.
Les individus, eux, font face à de nouvelles réalités. Avec l’avènement du Web 2.0, la multiplication des réseaux sociaux et communautaires, la possibilité d’une omniprésence sur le réseau, par le micro-blogging (Twitter par exemple) ou encore les marqueurs de passage sur les blogs (MyBlogLog), la création de profils sur des sites d’emplois, de commerce ou de rencontres, l’internaute dévoile au grand jour toutes les facettes de son identité : intime, personnelle, professionnelle. Cette vie numérique met sans cesse en jeu sa réputation sur la Toile. Qu’il reste discret ou peu actif sur le réseau et ce sont les autres qui bâtiront sa réputation : rien n’empêche, en pratique, de citer le nom ou de publier l’image d’une personne sur Facebook, ce réseau social qui compte 90 millions de membres dans le monde. Son nom apparaîtra ensuite à coup sûr parmi les réponses d’un moteur de recherche, quelque soit l’activité de cette personne sur internet.

Tout le monde juge tout le monde

Une autre dimension de cette «longue traîne» numérique appliquée aux individus est celle de la temporalité : chaque événement est enregistré et reste accessible à l’ensemble de la population pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. D’ailleurs, «googliser» une personne (entrer son nom dans Google pour récupérer des informations la concernant) est devenu monnaie courante : en décembre 2007, 53 % des adultes américains admettaient se renseigner de cette manière sur leurs collègues de bureau, leurs voisins ou leurs futur conjoint (Source 01Net). De même, 77% des recruteurs effectueraient des recherches en ligne sur les candidats.
La généralisation de ce système réputationnel n’est pas sans créer un malaise comme en témoignent les réactions des enseignants dans l’affaire Note2be et celle des médecins dans l’affaire Note2bib. Elle pose notamment un certain nombre de questions juridiques : quel droit à l’oubli sur internet? Comment y protéger son image et sa vie privée ? Preuve d’une défiance grandissante des usagers, un sondage réalisé par Ipsos et publié par la Cnil en octobre 2008 révèle que 71 % des Français jugent la protection de la vie priv

ée sur Internet insuffisante. La réputation numérique démontre aussi combien l’identité, sur internet, est un concept subjectif.

Se promouvoir comme une marque

«Face aux risques de laisser des traces qui nuisent à notre réputation, vous pourriez décider de ne rien publier ou de le faire d’une manière anonyme. Vous feriez une erreur. Avoir une réputation numérique, c’est être transparent, c’est montrer votre capacité à partager l’information, à exprimer des idées ou des opinions, à utiliser les technologies de l’information», martèle Olivier Zara. Les professionnels du marketing, des ressources humaines et des services web ont perçu ces enjeux et depuis quelques mois, un véritable écosystème de la réputation en ligne se constitue : systèmes de notation qui publient un indice synthétique de réputation (comme sur le site de vente aux enchères eBay), agrégateurs qui concentrent les traces numériques d’un individu ou d’une entreprise, services de surveillance et «nettoyeurs» qui tentent d’effacer des traces négatives dès qu’ils les détectent. Ces outils permettent aux individus d’évaluer, de construire et de gérer leur image en ligne. Ainsi, peu à peu, émerge le concept de «personnal branding» ou «marketing personnel», qui incite les personnes à promouvoir leur nom comme une marque ou un produit. C’est une étape nouvelle pour les internautes, que l’on peut déplorer, mais dont ils doivent prendre conscience afin de surveiller leur réputation numérique et, si nécessaire, la faire évoluer.

A lire :
Dans la dèche au Royaume Enchanté, de Cory Doctorow (depuis 2003 sur internet et publié en mai 2008).
Dans la société Bitchoun, l’argent n’existe plus. Il a été remplacé par le Whuffie, une mesure en temps réel de la réputation des gens. Le héros, Julius, a 150 ans, son esprit est connecté au réseau et il ne connaît pas le travail. Idéal ? Pas forcément…

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